mardi 28 juillet 2015
dimanche 31 mai 2015
lundi 6 avril 2015
"T'es jolie quand tu pleures"
"Plongée
dans une ombre bleutée, les meubles disparaissent mangés par les
formes sombres qui découpent la chambre déjà petite en étroit
boudoir. Le parquet grince, et les tréteaux en métal soutenant
l'unique lit jouent sur ces minces planches de bois une discrète
cacophonie. Il est tranquille, sa silhouette enveloppe celle de
l'autre, il semble bien plus imposant quand elle est assise sur ses
genoux. Elle est menue, au sortir de la pré-adolescence ses hanches
arrondies épousent les mains qui les soutiennent, les seins encore
timides pointent le bout de leur chair comme deux tâches blanches se
diluant dans l'obscurité. La peur d'être entendu par la maisonnée
la paralyse légèrement, il essaye de la rassurer par des gestes
tendres, fait froid dans la pièce.
« Est-ce
que... t'es ouverte ? »
Consternation,
elle ne s'attendait pas à ce que la question soit tournée de cette
manière, il se permet de préciser « en bas », ce qui ne
l'aide pas plus à définir son état actuel. Comme une séance
médicale, elle demeure interdite, comment savoir ? Une sphère
intime dont elle ne connait pas encore bien les sensations, c'est
comme essayer de s'auto-diagnostiquer, on a peur de la maladresse, et
on finit par abandonner la totalité de sa personne à l'expertise du
médecin. Pourtant ici il n'y a pas de médecin ici.
« Je
sais pas... »
La
réponse est soufflée, participant au silence pesant dans l'air,
elle s'écrase à moitié au fond de sa gorge.
Le lit
fait du bruit, il la couche à même le sol, précautionneux comme
avec une poupée de collection, les lattes gémissent légèrement et
refroidissent sa peau nue à leur contact. Elle regarde le plafond,
interdite, bientôt un corps gigantesque la surplombe totalement,
avalée d'un coup par son ombre, gobée comme un bonbon, sa bouche
s'écarte sans laisser s'échapper un bruit. Un cri terrible de
douleur, invisible, inaudible, dévoré par la peur. Un verrou entre
ses cuisses qui lui torture tout le bas-ventre, aucune machine ne
pourrait le forcer, elle aimerait dire à son assaillant d'arrêter,
mais ne peut pas. On referme pas la porte sur la personne qu'on aime.
Alors pourquoi ? Un roulement puis un autre, rien n'y fait, le
loup n'arrive pas à faire tomber la maison.
Dans
son lit la douleur est encore vive, le loquet se verouille dans sa
tête et au creux de son ventre. Le lendemain matin il lui dira :
« Ca
m'a excité quand tu as pleuré. »
Il va
en falloir des litres de béthadine."
_____
Dans la pensée collective, les agressions sexuelles sont les faits de certains malades et divers prédateurs de la nuit prêts à vous bondir dessus, pourtant les chiffres montrent que la plupart des agressions se font par des proches, ou même dans l'intimité d'un couple, sans même qu'il y ait recours à une quelconque violence physique. Je ne tiens pas à apporter une quelconque vérité sur le pourquoi du comment la limite est parfois brisée alors même que deux personnes s'aiment ou ont une relation banale, juste une histoire qui se veut la plus honnête possible.
mardi 24 février 2015
Parlons-peu, parlons pieu
Je voulais sortir cet article pour le 14 février, mais comme c'était trop mainstream j'ai attendu pile 11 jours en plus pour le faire (et non pas 10 car ça aussi c'est has-been). Le contenu est un peu léger au niveau du développement mais je comptais surtout faire passer un message d'amour qui fleure bon le lubrifiant, car on est pas assez cools avec nos corps et notre sexualité. Free your mind, passez une super année 2015 de la fesse.
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| SEXY TIME |
mardi 27 janvier 2015
samedi 17 janvier 2015
"Trop peu de pommes au pommier"
A propos de l'humour
Depuis maintenant quelques années
s'est développée une idée bien curieuse dans nos sociétés : celle
que rire de tout est un droit absolu et divin, et que celui
s'insurgeant contre cette idée est le dernier bastion barbare à
détruire pour atteindre la liberté. Il a pourtant été démontré
à maintes reprises que le rire n'était qu'un outil de cohésion
sociale parmi tant d'autres, permettant de créer des groupes sociaux,
de séparer ou de rassembler. L'humour arme sociale se pose donc dans
un contexte social qu'il est important de définir. Si nous prenons
le modèle dit ''dominant'' (au sens où le retrouve majoritairement
aussi bien chez Tata Josette de Toulouse que Tonton Olaf d'Autriche),
ce contexte serait celui où l'homme blanc cisgenre* valide et
hétérosexuel serait le plus privilégié et où le reste de la
population appelée très audacieusement par les plus rustres
''minorités'' (comprendre tout ce qui n'est pas du type dominant :
femme, noir.e, transgenre, handicapé.e homosexuel.les...) serait constamment mis dans la ligne de mire de la satyre.
Comment ne pas se rendre compte en
effet que la plupart des mots de notre vocabulaire, censés être
vulgaires ou drôles sont des mots s'associant très souvent à la
sexualité des femmes ou des homosexuels, c'est-à-dire dans l'idée
générale à la position du soumis. On parle ''d'aller se faire
enculer'', d'être une ''tapette'' etc...là où la sexualité
masculine est montrée comme symbole de courage et de force :
avoir des couilles. Couilles qui d'ailleurs sont molles et très
sensibles, l'injonction est mal choisie.
Pour en revenir à l'idée de l'humour dominant, essayez l'expérience suivante : faites une blague sur les femmes ou sur une communauté non-blanche elle sera automatique comprise par votre auditeur, essayez maintenant une blague sur un homme blanc valide, vous risquerez sans doute bien plus un bide. S'agirait-il donc seulement d'interchanger les individus dans la blague pour la rendre acceptable ? Et bien non me direz vous en dressant des pancartes de protestation, car pourquoi devrait-on s’interdire de rire d'une tranche de la population en position inconfortable si l'on peut aussi rire des privilégiés ? C'est à ce stade qu'intervient le problème du contexte : dans un monde où les privilèges sont conservées depuis des années par le même groupe de personne et où obtenir des libertés pour tout le monde n'est pas la priorité générale, il est difficile de faire avancer les choses quand on continue d'utiliser les mêmes boucs émissaires pour faire rire. La stigmatisation est éternelle et on en vient même à ce que beaucoup de personnes ne comprennent pas en quoi cela pourrait être problématique de rire d'une blague entérinant des clichés.
La phrase de Pierre Desproges reprises de nombreuses fois et très maladroitement par les grands défenseurs de la gaudriole, prise dans son réel contexte explique très bien ce problème.
« On peut rire de tout mais pas
avec n'importe qui. » Quand Desproges dit cela, il déclame un
sketch auprès de Jean-Marie Lepen, invité à l'émission où il
paraît, et Desproges s'interdit de rire à côté de quelqu'un comme
Jean-Marie Lepen. Au-delà du fait que JM Lepen n'appelle pas au fou
rire, Desproges montre quelque chose d'important : le rire est
un vecteur social, rire avec un raciste conservateur d'extrême
droite, même sans partager ses idées, c'est lui donner du crédit
et approuver une part de ses idées sans même les énoncer. Si vous
pensez que le fond est plus important que la forme quand vous
justifiez votre plaisanterie par ''C'est une blague je ne suis pas
raciste/homophobe'' posez-vous d'abord la question pourquoi vous vous
trouvez ça drôle, vous risquerez de vous retrouver face à quelque
chose qui pose problème à votre conscience : si vous en riez
c'est que dans le fond vous partagez quelque chose avec cette blague.
Ce quelque chose est la pensée pré-dominante qui assoit son humour
au-delà du bien-être d'autres personnes, l'imposition de la liberté
du rire contre le barbarisme de celui qui ne rit pas à votre blague
satyrique. La prochaine fois que vous rirez quand on vous parlera de
travesti, de tapette, de feuges, de renoi, de viols, d'handicapé,
demandez-vous qui sont les personnes qui ont ri les premiers à ces
blagues, faites la corrélation avec le fait que vous ne connaissez
que très peu de blagues qui blesseraient un homme blanc riche valide
hétéro cisgenre, pensez-vous réellement que c'est une liberté
acquise par tous de pouvoir rire de tout ?
L'humour est vaste, vous pouvez
l'explorer sans continuer de marcher sur la tête d'autres personnes,
et pensez que les privilèges sont très inégalement répartis, et
que pour certains il va falloir attendre encore longtemps pour voir
émerger une petite pousse de liberté.
*cisgenre : Se dit pour une personne qui se reconnaît et est reconnue dans le genre qu'on lui a assigné par son sexe (état civil)
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